Si la situation sanitaire venait à empirer au sein des établissements scolaires, le syndicat de l’enseignement secondaire opterait pour l’escalade afin de pousser le ministère de l’Education à mettre en œuvre des mesures drastiques pour protéger le cadre éducatif.
Les dispositions prises par le ministère de l’Education conjointement avec le ministère de la Santé n’ont pas réussi à freiner la propagation du coronavirus au sein des établissements scolaires. Pour rappel, le ministère avait opté pour la réduction du nombre d’élèves en appelant à scinder les classes par groupes ne dépassant pas le nombre de quinze élèves par classe et en instaurant un nouveau rythme scolaire axé sur les cours par alternance afin d’éviter une trop grande promiscuité entre les élèves et le cadre éducatif. Pourtant, un peu plus d’un mois après le démarrage de la rentrée scolaire, en dépit de l’application des mesures de protection et de prévention dans la plupart des école, collèges et lycées, le virus a fait des siennes au sein des établissements scolaires, en entraînant la contamination d’un nombre élevé d’enseignants et d’élèves. Selon le dernier bilan établi le 12 octobre dernier, le nombre de cas testés positifs au Covid-19 s’est élevé à plus de 1.000 personnes parmi lesquelles on compte 441 élèves, 436 enseignants et 32 employés.
Pas de distanciation sociale à l’extérieur des établissements scolaires
Selon Nafti Eltaief, membre du Syndicat de base de l’enseignement secondaire (section de La Marsa), cette hausse du bilan en milieu scolaire résulterait de la conjonction de plusieurs facteurs : outre le fait que les moyens de protection sont peu ou pas fournis dans plusieurs établissements scolaires (gel hydro-alcoolique, appareil de prise de la température, masques de protection…), la distanciation sociale n’est pas le fort des élèves qui oublient de respecter cette mesure de prévention à la sortie des classes. Or, au vu de leur nombre élevé, ils seraient les principaux vecteurs de transmission au sein des établissements scolaires. « Si en classe, les enseignants obligent les écoliers et les élèves à respecter la distanciation physique, ces derniers font fi de cette mesure en sortant des classes et rechignent à l’appliquer dans la cour ou en dehors de leur établissement scolaire. Ils s’échangent leurs affaires, se font des accolades…Or, la contamination de certains élèves survient au sein de leur milieu familial. Ils vont à leur tour contaminer leurs camarades de classe et ainsi de suite…», explique le membre du Syndicat de l’enseignement secondaire de La Marsa qui pointe du doigt les défaillances observées dans l’application du protocole sanitaire dans un grand nombre d’établissements scolaires. Selon le membre du syndicat, les salles de classe ne sont pas désinfectées régulièrement après les heures de cours alors qu’elles devraient l’être tandis que les dispositifs de contrôle de la température ne fonctionnent pas… Pas de distribution gratuite non plus de masques de protection ou de gel hydroalcoolique dans la majorité des établissements scolaires. Les élèves doivent se procurer ces dispositifs de protection à leurs propres frais et se présenter obligatoirement avec…
Des mesures de protection inexistantes
Le ministère de l’Education s’était pourtant engagé, au cours d’une réunion qui s’est tenue avant la rentrée scolaire avec les représentants de dix syndicats, à veiller à l’application du protocole sanitaire dans tous les établissements scolaires sans exception, afin de prévenir la propagation du Covid-19 en milieu scolaire. « L’application du protocole sanitaire est respectée dans à peine la moitié des établissements scolaires se trouvant sur l’ensemble du territoire. Il reste que dans de nombreux établissements scolaires, les mesures de protection sont tout simplement inexistantes notamment dans les zones et les régions défavorisées. Certains directeurs de collège et de lycée procèdent, de leur propre initiative, à la désinfection des classes sans l’aide ou l’intervention de quiconque dans les zones urbaines et les villes, à l’instar de La Marsa. Or, c’est jusque dans les moindres détails qu’il faut veiller à la prévention contre le coronavirus dans les établissements scolaires. Les équipements et les instruments dans les laboratoires sont-t-ils désinfectés régulièrement ? Et les ordinateurs qu’utilisent les élèves en classe informatique ? Autant de questions que je me pose et qui sont sans réponse».
Nafti Eltaief n’écarte pas l’éventualité d’un probable reconfinement des élèves et du cadre éducatif si le nombre de cas contaminés venait à exploser au cours des mois à venir en milieu scolaire. « Si le nombre de cas contaminés va continuer à suivre une courbe ascendante dans les établissements scolaires, je pense que le confinement figurera probablement parmi les propositions qui seront émises par le Syndicat de l’enseignement secondaire au gouvernement afin de freiner la pandémie ». Un éventuel reconfinement du cadre éducatif et des élèves posera toutefois un épineux problème, celui de l’enseignement à distance qui a révélé très vite ses limites au cours de la première vague de contaminations par le coronavirus le printemps dernier. Un récent sondage effectué par le ministère de l’Education lors de l’inscription en ligne des élèves a révélé qu’un nombre élevé parmi eux ne sont pas préparés à suivre des cours à distance, à cause, entre autres, du manque d’équipements. Il reste que si la situation sanitaire venait à empirer au sein des établissements scolaires, le Syndicat de l’enseignement secondaire opterait très probablement pour l’escalade afin de pousser le ministère de l’Education à mettre en œuvre des mesures drastiques pour protéger le cadre éducatif.